Luc Meuret est le directeur associé fondateur du cabinet d’executive search YourVoice, cabinet spécialisé dans le recrutement de dirigeants dans tous les domaines de l’intérêt général et de l’impact créé en 2009. Il a par le passé travaillé en agences média, appris son métier de recruteur au sein de grandes enseignes internationales, et enfin été dirigeant au sein d’une organisation de solidarité internationale. Membre du Cjd (Centre des Jeunes Dirigeants), il est engagé dans de nombreuses causes, en particulier celle de la jeunesse, et est porteur de la démarche d’entreprise à mission.
Est-ce que tu identifies de nouveaux imaginaires liés au travail ?
Je crois que la notion de travail est pas mal challengée car son origine étymologique « tripalium » (instrument de torture) s’incarne dans le réel pour certains salariés ! En effet, le travail peut être ressenti comme une souffrance, d’où l’émergence des démarches de qualité de vie au travail pour améliorer un contexte qui ne convient plus. Beaucoup de personnes veulent un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle et remettent en cause l’excès de travail.
S’il y avait un imaginaire à développer, ce serait sans doute de recréer l’envie, la désirabilité, et le plaisir au travail. Peut-être même qu’il faudrait changer le mot.
Le souci de trouver un sens, une utilité, et un impact social et environnemental à son travail participent de ce changement de paradigme.
Avec ton expérience, as-tu vu des évolutions dans le rapport au travail ?
Toutes les personnes que je reçois en entretien souhaitent contribuer à des projets à impact positif et cela concerne toutes les générations, et tous les métiers : du financier front desk aux communicants, en passant par les experts du private equity. C'est la question du salaire qui peut encore être un frein pour certains. Cela dit, les niveaux de rémunération dans l’ESS ont augmenté depuis 15 ans et il y a une nouvelle génération de leaders qui veut en découdre, avec un autre rapport à l’argent.
Le télétravail qui a explosé du fait de la crise sanitaire est en train de bouleverser les salariés et les organisations. Certaines entreprises qui étaient très réticentes se rendent compte qu’elles gagnent énormément en productivité. Le risque étant que les salariés soient surchargés de travail, avec une absence de barrière entre le domicile et le travail. L’enjeu est de parvenir à créer la confiance pour éviter le contrôle. La demande de mobilité géographique couplée au télétravail est de plus en plus forte, avec la question du management à distance qui reste encore à imaginer, en particulier dans les secteurs du médico-social.
Le freelancing est en pleine expansion. C’est une nouvelle façon d’offrir une compétence, un service, mais sans un contrat de travail. Cela explique aussi la multiplication des espaces de coworking.
Cela va sans doute conduire à faire évoluer le droit du travail dans un sens de simplification et de souplesse car la jeune génération veut à la fois la liberté et la protection.
Les modes de collaboration s’adaptent à cette nouvelle donne, les organigrammes deviennent plus horizontaux, le mode projet devient la règle, la responsabilisation individuelle est de mise.
Que recommandes-tu à tes clients dans leur manière de recruter ?
Your Voice recrute essentiellement des dirigeants, notamment des DG (soit des managers, soit des spécialistes métier). La première chose que je dis à une gouvernance, c’est de travailler sur le profil à l’aune du développement de l’organisation. Dans plus d’un cas sur deux, une association recrute un DG, alors qu’elle n’a pas encore défini son projet associatif.
En quoi la communication peut-elle contribuer à améliorer l’emploi et le travail ?
La communication peut aider à redonner de la désirabilité au travail. Elle contribue aussi à mettre en avant des politiques de recrutement luttant contre les discriminations à l’embauche.
Elle a également un rôle déterminant à jouer dans l’attractivité des métiers tels que ceux de l’aide à domicile et du médico-social.
L’identité de marque et la marque employeur sont un enjeu majeur pour les organisations. Elles feraient donc une erreur en ne se préoccupant pas assez de leur communication et en n’alignant pas leur raison d’être et leurs RH.